L’année 2016 s’est terminée avec une demande étrange. Alain, inspecteur d’académie à Créteil, me propose de faciliter une rencontre en Mars sur le thème éducation nationale et grande pauvreté.
Fin 2016, j’avais décidé de consacrer 10% de mon temps à des projets sociétaux, dans le domaine de l’éducation et la santé. Donc ce sera oui, je suis partante, je prends ! En bonne coach psychosociologue, consultante, facilitatrice, je me demande tout de même pourquoi cette demande à propos de la grande pauvreté m’arrive à moi : pourquoi moi ? Avec cette question l’inquiétude arrive, mais pas la réponse….
Le 2 Mars arrive, la journée commence. Un premier témoignage. Une mère de famille. Je sens une émotion forte m’envahir de façon incontrôlable, de tristesse, d’étonnement. Puis un deuxième. Je comprends que un enfant sur dix est touché par la pauvreté en France. Un nouveau témoignage, la pauvreté n’est pas uniquement économique, mais aussi affective. La santé n’est pas une priorité pour ces enfants. L’espérance de vie pour les populations en situation de grande pauvreté est de 55 ans. En France, des enfants arrivent le lundi à l’école sans avoir mangé le week-end, avec des vêtements trop grands, pas assez chauds, avec une insécurité affective forte, des responsabilités familiales très jeunes. Le sujet de la grand pauvreté ne m’arrive pas à moi. Non, le sujet arrive à la France, à l’Europe, à l’Occident. Si j’ai pu vivre dans ma bulle étanche pendant toutes ces années, en 2017, ce n’est plus possible. La grande pauvreté fait peur, chacun a peur d’y être. Alors si nous avons le choix, nous préférons ne pas voir. Merci à Alain de m’avoir emmené dans cette aventure. Cette journée m’a transformée.
L’histoire nous a appris que si la pauvreté, l’exclusion, les inégalités ont toujours existé, passé un certain seuil d’inégalité, cela mène inéluctablement au conflit, à la guerre.
Chers amis entrepreneurs, managers, chers travailleurs, nous devons nous mobiliser pour créer une place pour chacun dans la société. Nous sommes le maillon stable, la terre ferme, sur laquelle la société doit s’appuyer pour bâtir demain. Payer des impôts ne suffit plus ni à résoudre le problème ni à s’acheter une conscience. Nous devons créer des emplois et les proposer en premier aux plus vulnérables, aux plus exclus de notre société pour les inclure. Faisons-le soit par amour, soit par peur. Mais demain, nous n’aurons pas d’excuse, nous ne pourrons pas dire à nos enfants que nous ne savions pas.
Cher Florian, dont la maman a témoigné le 2 Mars, je vais penser à toi ces prochaines années, pour puiser force et courage. Je vais faire de mon mieux pour créer le maximum d’emplois. Quand tu seras adulte, j’émets le souhait qu’une place t’attendra dans la société. Tu l’occuperas, étendras tes ailes, apporteras de belles choses au monde.
Merci Alain, merci à l’académie de Créteil, merci à vous les témoins et participants de cette journée.